Le balisage: un système organisé

 

Quand ce centenaire de BELEM reviendra de son « Odyssée-Atlantique » le 14 juillet 2002 pour se rendre à St Nazaire avant de rejoindre le quai des Antilles à Nantes, il pourrait avoir l’illusion que la Loire, dès son large, lui fait un feu d’artifice sans commune mesure avec ceux qu’il connut dans sa prime jeunesse : 215 points lumineux dans une sarabande d’éclats blancs, rouges, verts, longs, brefs, scintillants, timides, généreux, réservés, rythmés, patients, 215 points proposeront leur aide pour le guider au quai.

En fait, ce seront 3 phares, 7 feux et 26 bouées jusqu’au droit de St Nazaire, puis, quand il ira sur Nantes, 55 feux et 35 bouées jusqu’à son poste OK près du « pont des Trois Continents ».

Si toutes les lumières littorales font tant rêver, c’est qu’elles semblent réussir l’unité magique de la nuit, de l’océan, de la solitude, c’est qu’elles permettent au nouveau venu « d’atterrir ».

carte IGN "port autonome de Nantes/St Nazaire" de 1984

copyright IGN - Paris - le 20 mars 2002 - autorisation n° 40-2014

En réalité, il n’y a point de mystère. Ces feux sont le fait des hommes. Ils traduisent le souci de l’homme d’organiser la sécurité du navigateur en l’avertissant des traîtres écueils, des obstacles sournois, en lui indiquant les plus sûrs passages, en balisant la voie qui mène à bon port.

Ces feux de bouées, de balises, de phares sont savamment placés, ordonnés dans l’entre-deux de la mer et de la terre. Ils constituent un maillage pensé par l’homme. Ce maillage continu du littoral et des berges reflète les moyens techniques d’une époque, d’une période. Il répond le mieux possible, en les facilitant, aux besoins d’échanges que les hommes d’un endroit précis, veulent avoir avec le plus ou le moins lointain. Il s’agit d’un réseau efficace, remanié, actualisé, entretenu, de signaux conventionnels, interdépendants, hiérarchisés, adaptés. Ce réseau est fait d’une diversité de sites, d’objets, de formes, d’éclairages. Ses architectes modernes furent les ingénieurs de Ponts et Chaussées (1ère école d’ingénieurs fondée dans le royaume de France), sont les ingénieurs des Travaux Publics d’Etat. Ces hommes des Ponts et Chaussées furent les acteurs de leur temps, celui où la technique transformait les navires à voiles de faibles tirants d’eau en navires à propulsion mécanique de grandes dimensions, celui où les coques d’acier vont s’imposer aux mers agressives.

Les pièces, les supports de signalisation sont appelés « Etablissements de Signalisation Maritime ». Ces « E.S.M. » sont répertoriés du Nord au Sud. Les E.S.M. mettent la « terre en vue » par balisage. Ils sont de différents types : amer, balise, bouée, phare ; fixe, flottant ; actif, passif,... Ils reflètent les avances techniques de leur époque d’installation, et leurs capacités d’adaptation au progrès du moment. Ainsi le balisage a pris une extension considérable avec la révolution industrielle, à partir de l’invention des optiques par FRESNEL au début du 19ème siècle, puis avec l’éclairage électrique ; maintenant, il s’affine et se globalise à toute la planète grâce aux N.T.I.C (Nouvelles Techniques d’Informations et de Communications) dans lesquelles les stations d’aides radioélectriques à la navigation jouent un rôle majeur notamment grâce à la couverture des satellites. « Un bon balisage est une forme visible de l’hospitalité d’un pays ». Le service des « Phares et Balises », depuis deux siècles bientôt, s’acquitte pour la France de cette merveilleuse mission de service public.