RIVETAGE

Méthode d'assemblage par le rivetage

La machine à vapeur, les constructions métalliques, le chemin de fer ont utilisé comme mode d'assemblage presque unique, le RIVETAGE. La construction navale métallique a repris, dès son début, ce système d'assemblage qu'utilisaient déjà les Scandinaves pour leurs navires en bois. Ceux-ci utilisaient le rivet pour assembler par recouvrement simple les planches de bord de leurs bateaux, c'était "L'ASSEMBLAGE A CLIN".

assemblage à clin

C'est par essais et erreurs qu'au XIXe siècle les techniques de pose, de fabrication et de dimensionnement des rivets se sont affirmées. Garantir une étanchéité parfaite devient impératif car la pression que les machines à vapeur doivent contenir, ne cesse de croître. Le RIVETAGE A CHAUD répond bien à cette exigence : en se refroidissant les rivets serrent bien les tôles assemblées. Une autre méthode de rivetage s'impose aussi, celle de "L'ASSEMBLAGE COUVRE JOINT".

assemblage couvre joint

Equipe de rivetage

Au XIXe siècle la division du travail industriel fait naître de nouvelles catégories d'ouvriers. Celle des RIVEURS tient une place essentielle dans le processus de fabrication. Chaque RIVEUR assume la responsabilité d'une équipe de RIVETAGE. Chaque équipe comprend au moins 3 personnes ayant chacune un rôle bien précis.

"LE CHAUFFEUR DE RIVETS" généralement un enfant de 12 à 15 ans appelé "arpette", "mousse" ou "matelot". C'est parfois une femme qui est à ce poste à partir de la première guerre mondiale. Il (elle) doit chauffer dans une forge portative, chaque rivet à une température suffisante qui permettra son écrasement puis le passer au "teneur de tas".

 Equipe de riveteurs et chauffeuse de rivets travaillant sur le Normandie le 12 octobre 1931 (cliché Ecomusée St-Nazaire)

"LE TENEUR DE TAS" introduit le rivet dans le trou préparé et le maintient au moyen du tas, simple tige de fer ou appareil pneumatique plus élaboré. C'est souvent un jeune garçon de 16 à 20 ans "qui doit se faire une constitution robuste" qui tient cette place.

"LE RIVEUR" frappe directement au marteau ou par l'intermédiaire d'une bouterolle sur l'extrémité libre du rivet. Le riveur est un ouvrier responsable du travail. Il a acquis sa compétence et son statut social, après de longues années où il a d'abord été chauffeur de rivet puis "teneur de tas".

Tentative de modernisation du rivetage

La mécanisation a essayé sans succés de modifier les techniques de rivetage au XIXe siècle. Elle n'a réussi qu'à faire exécuter par la machine l'opération d'écrasement des rivets ne pouvant lui demander et de percer les trous et de chauffer les rivets et de pouvoir les introduire, les trois réalisation durent toujours se faire manuellement. Dans la constrution navale au cours du XIXe siècle le nombre de rivets à poser augmentait prodigieusement et le coût de l'opération de rivetage devenait trop onéreux. Outre qu'il fallait suppléer la force de l'homme il fallait alors augmenter les cadres, réduire le nombre de rivets en assemblant des tôles de plus en plus grandes diminuant aussi le nombre d'assemblage à réaliser, trouver une méthode d'assemblage de substitution. Pendant tout le XIX siècle ce fut une quête pour mécaniser puis automatiser le rivetage. Des machines à river furent mises au point : celles de Fairbairn en 1822 puis en 1843 (exposition industrielle de Paris en 1844) de Tweddell (1865). Elle furent d'abord mécaniques puis à vapeur, puis hydrauliques avant de devenir "mixtes" à la fin du siècle en combinant des techniques distinctes. Ces machines devenant de plus en plus lourdes et chères pour assembler des tôles trop larges, n'ont servi que dans des grosses entreprises (Creusot) pour des fabrications très spéciales. Lorsque leur taille se fut réduite (meilleure qualité des aciers, alliage d'aluminium) et qu'elles devinrent portatives, on put les utiliser pour un type d'assemblage determiné : rivetage de dômes de locomotive, poutrelle, quille de navires...

Le marteau pneumatique

L'écrasement des rivets par pression, que les machines permettaient, était cependant plus satisfaisant que celui obtenu par percussion du rivetage manuel. Cet avantage pesa peu face à l'apparition d'appareils modestes (présentés par les Etats-Unis à l'exposition universelle de paris en 1900) : les marteaux pneumatiques, issus des perforateurs utilisés pour creuser les tunnels et les mines. Ces marteaux pneumatiques permettaient toutes les fonction suivant l'outil dont on les munissait : un burin, une bouterolle. Leur poids (et leur consommation d'air se réduisant, ils s'imposèrent sur tous les chantiers. Une bouterolle leur fut adaptée qui écrasait les rivets dont ils bombaient la tête. Le rivetage devenait beaucoup plus rapide et demandait moins d'efforts physiques, et assurait des gains énormes de productivité. Cependant l'utilisation de ces marteaux ne fit pas décroître le taux de la maladie professionnelle des chaudronniers qui affectait le coude et la perception auditive.

Méthode d'assemblage par la soudage

La soudure a été pressentie dès le XIX siècle comme rivale du rivetage à chaud. Si on l'utilisait pour des barres métalliques sur le feu de forge par chauffage local, on était incapable de souder des tôles à cause de l'homogénéité imparfaite du métal (fer, acier) et les déformations qui apparaissaient. Le rivetage à chaud avait ses défauts : des avaries au niveau des rivures ont provoqué des explosions d'appareils à vapeur ; les milliers de perçage à faire sur une pièce produisant une suppression de métal participant à des affaiblissements de structure ; l'apport de millions de rivets alourdissait les ensembles (11millions de rivets sur le NORMANDIE) ; mobilisation de nombreuses équipes de rivetage, "coûteuses" en salaires et en temps.

Ce ne fut que lorsque la soudure électrique fut au point que l'assemblage par soudure put supplanter le rivetage à chaud.

La soudure électrique n'entrainait pas les problèmes de déformation et de contraintes que générait la surchauffe du soudage oxyacétylénique (soudure au chalumeau). Vers les années 1930 une période de 20 ans commença qui a vu disparaitre les équipes de rivetage dans l'industrie sauf dans la construction navale où elles persistent jusqu'aux années 1960. Les jeunes riveurs se sont recyclés en soudeurs, les plus anciens en chanfreineurs.

soudure à l'arc vers 1956 (cliché Ecomusée de St-Nazaire)

Machine à souder Wenzlaff, actuellement utilisée

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