LE PHARE QUI N’EXISTA PAS PROJET DU « GRAND-CHARPENTIER » (1808) |
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Un autre phare sur la côte atlantique face à l’estuaire de la Loire aurait pu exister au tout début du 19ème siècle. Il se serait inscrit dans la filiation mégalomaniaque du phare baroque de Cordouan construit par Louis de Foix (16ème-17ème) et du phare mythique d’Alexandrie devant le Nil (-3ème siècle). Il s’agit du projet de « Phare du GRAND CHARPENTIER » défendu par Mathurin Crucy en 1808. Ce projet s’inscrit dans le projet d’aménagement d’un avant-port à St Nazaire qu’a demandé Napoléon 1er. Crucy propose d’édifier un phare en forme de pyramide. Seul le sommet serait tronqué pour y installer une lanterne à huit côtés. Cette pyramide comporte sur une des faces deux escaliers en zigzag divergents puis convergents à chaque ouverture.
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Cela rappelle un temple babylonien ayant ses étages et portant sur son sommet un sanctuaire d’où l’on pouvait observer les astres. Cette face s’inspire en partie des motifs d’une représentation imaginaire du Phare d’Alexandrie dessinée au début du 18ème siècle. Le phare projeté fait aussi référence au phare de Cordouan par l’ampleur de son assise. Il s’agit d’une monumentale synthèse de deux phares exceptionnels : celui qui fut l’une des 7 merveilles du monde, l’autre dont le concepteur voulait qu’elle soit la 8ème. En effet, il enchâsse sous la forme mythique du phare du pays des Pharaons les éléments du phare royal de Cordouan. L’escalier en vis latéral devient l’élément central ce qui permet de doubler les pièces carrées voûtées qui le flanquent à chaque niveau. De plus, ce phare sertirait en son sein les éléments d’un phare moderne, sûr et fonctionnel : une tour, un escalier en vis et la lanterne. Ce phare, ancré à l’Antique sur le verrou de l’estuaire de la Loire, le fleuve de la Renaissance, le fleuve des Rois, n’oublierait pas d’être ce qu’il doit être : un PHARE, tout en étant un monument marin impérial. Il magnifierait l’assise de la puissance napoléonienne qui repose originellement sur ses franchissements marins, notamment son expédition d’Egypte en 1793 où 167 savants l’accompagnèrent. Ce phare installerait la gloire et le génie de l’Empereur dans l’outre-temps. Sur son socle de roche, il pourrait apostropher l’Océan d’un Autre et Nouveau Monde. Ce projet resta un projet. Le phare du Grand Charpentier existe depuis 1888, mais c’est un autre phare.
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