LE PHARE DE CORDOUAN

Les quatre siècles d’histoire du phare de Cordouan résument tous les progrès techniques dans le domaine de l’éclairage des côtes françaises. Il affirme sa fonction de signalisation : par sa situation sur un îlot à 9 km du continent, par sa hauteur : lanterne à 37 mètres au dessus des vagues, par sa masse conçue pour contenir les réserves dans un lieu isolé, par son assise circulaire de 123 mètres de circonférence et son profil plutôt tronçonique.

Mais il apprend aux rois qu’ils ne sont pas pharaons et que les phares sont d’abord faits pour les navigateurs et non pour servir de monument, ni à la gloire du trône (et de la chrétienté) comme le voulait son architecte-ingénieur Louis de Foix, ni à la mémoire perpétuelle des puissants. La mer refuse d’accéder au désir du concepteur, qui voulait qu’il soit la 8ème merveille du monde. Elle rappelle très vite qu'un exploit architectural et technique ne résiste que s’il est adapté à son milieu. 

La mer balaie les fioritures, délabre ce qui est trop arrogant, vieillit ce qui est trop exposé. Quarante ans de service et le phare doit s’éteindre vingt années. En 1717, il faut réduire de 7m la hauteur du feu ; en 1727, on installe une nouvelle lanterne en fer, coiffée d’un dôme métallique.

En 1780, il faut repenser la tour. L’ancien phare est arasé et sur un socle circulaire on érige une simple tour tronçonique. Seules les fenêtres, surmontées de frontons triangulaires, rappellent le faste perdu. La tour magnifie le feu à 60,30 mètres au dessus des vagues.

Cependant le phare de Cordouan a vécu tous les perfectionnements successifs : c’est un des tout premiers "feux de mer" qui ne sera plus à ciel ouvert, qui sera "abrité":

Dès 1611 son lanternon est vitré et protége de la pluie le bassin, où l’on brûle un mélange de bois, de goudron et de poix.

En 1664, quand on le rallume, on utilise de l’huile de baleine.

En 1727, le combustible du feu est le charbon de terre.

En 1872, bénéficiant du premier feu tournant à réverbères paraboliques, les lampes à huile brûlent un mélange d’huiles de baleine, de colza, d’olive.

En 1823, le premier appareil lenticulaire de Fresnel, éclairé par une lampe à 3 mèches est testé.

En 1854, la lanterne accueille une nouvelle optique produisant un feu tournant à éclipses alimenté à l’huile minérale.

En 1859, c’est un feu à deux secteurs : blanc - rouge

En 1907, le gaz de pétrole l’alimente.

En 1948, l’électricité s’installe.

Mais en 1981, le service des Phares pense mettre à la retraite le plus vieux phare de France. Une association remue ciel et terre pour qu’il reste actif. Le phare de Cordouan reste allumé et des milliers de personnes peuvent venir visiter chaque année ce monument classé historique.

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